Annette Schiller et John O’Shea, représentant FIT Europe lors d’un webinaire le 17 avril dernier, ont dressé les premiers constats de la principale enquête sur l’industrie des langues en Europe et de l’enquête de suivi de FIT Europe ciblant les incidences de la pandémie Covid-19 sur les métiers de la traduction et de l’interprétation.
Enquête COVID-19
L’enquête COVID-19 s’est déroulée sur une semaine (27 mars-3 avril). 1036 professionnels du secteur des langues de 29 pays européens et de 18 autres pays ont répondu. Conçue pour prendre le pouls du marché et donner un aperçu des effets de la pandémie sur les secteurs de la traduction et de l’interprétation à un moment précis, cette enquête se limitait à 5 questions principales et quelques questions annexes.
Résultats
Une fois terminée, l’enquête a révélé un paysage redessiné par le COVID-19.
L’enquête dans son ensemble a montré que de nombreux professionnels du secteur des langues indépendants en 2020 se trouvaient déjà en situation financière précaire, beaucoup n’étant pas suffisamment rémunérés de leur activité et devant compléter leurs revenus par d’autres moyens, et beaucoup ne pouvant recourir à une assurance privée en cas de difficulté (maladie ou incapacité de travail) et préparer leur retraite, notamment en raison d’une rémunération aléatoire dans leur secteur d’activité.
Et le COVID-19 a surgi. L’aperçu du marché le 3 avril, dernier jour de l’enquête, a révélé un bouleversement variable de l’activité pour la grande majorité des traducteurs et interprètes.
- 58,1 % des répondants ont déclaré que leur activité s’était effondrée
- 38,7 % des répondants ont annoncé une baisse d’activité
Soit le chiffre stupéfiant de 96,8 % des répondants affectés. Une poignée a cependant déclaré que grâce à leur expertise en la matière, leur activité prospérait (2 % d’entre eux).
Résister à la crise
Au moment où l’enquête a été effectuée, les mesures annoncées de soutien aux professionnels indépendants incluant les traducteurs et interprètes ne concernaient pas tous les pays.
Nous avons alors demandé, en l’absence de soutien officiel, combien de temps les répondants estimaient pouvoir tenir. La majorité a répondu trois mois au plus (deux à trois mois pour la plupart), renvoyant ainsi à une situation de précarité parmi les indépendants identifiés par l’enquête principale de 2020.
Si certains pays proposaient déjà une aide aux traducteurs et interprètes, d’autres envisageaient la mise en place de mesures, à l’articulation éminemment variable, de même que les conditions de leur application, certains y ayant droit et d’autres étant hors cadre. Pour en savoir plus, rendez-vous ici (page en anglais).
Il a aussi été aussi rapporté par certains que les critères d’éligibilité étaient pour le moins flous dans leur pays et qu’ils préféraient attendre de voir comment la situation évoluait ou se clarifiait avant de demander une aide officielle. Le dernier jour de l’enquête, seulement 18,3 % des répondants dans les pays où l’aide était offerte l’avaient demandée, 62 % attendaient de voir et ne la demander que si elle s’avérait nécessaire.
Réaction des clients
Il a également été demandé aux professionnels indépendants si les clients les avaient contactés. Fait encourageant, 54,1 % l’avaient fait, la plupart assurant aux traducteurs/interprètes leur confier des travaux dès qu’ils en auraient, s’enquérant de leur situation et de leur condition, allant même jusqu’à régler des factures en avance. Environ 16 % ont déclaré que les clients les avaient contactés pour baisser arbitrairement leurs tarifs en invoquant le motif de la pandémie.
A suivre
Certains résultats de cette enquête COVID interpellent. @FIT_Europe réédite l’enquête pour vérifier si ces chiffres élevés traduisent simplement un premier traumatisme ou s’ils se vérifient pour les métiers de la traduction et de l’interprétation.
Lors du webinaire, Annette Schiller a annoncé le lancement d’une deuxième enquête COVID dont le lien est accessible ici (page en anglais).
Cette enquête sera close le vendredi 24 avril.
FIT Europe prévoit de rééditer l’enquête toutes les deux semaines pour en surveiller l’évolution, positive ou négative, pour les professionnels indépendants de l’industrie des langues. Nous demandons à nos associations membres de partager les liens vers les enquêtes avec leurs adhérents et les encourager à y participer.
Une lueur d’espoir
Un résultat positif de l’enquête COVID : les professionnels indépendants du secteur des langues s’avèrent attachés à l’autonomie propre à leur activité. 95 % d’entre eux déclarent vouloir rester indépendants lors du retour à la normale. Certes, beaucoup s’alarment et se préoccupent de la durée de la crise et de ce que sera le marché après : plus grande dépendance des clients aux MT, émergence de l’interprétation automatique ou encore glissement de l’interprétation simultanée à distance via les plateformes de service, à même de perturber le modèle traditionnel de l’interprétation.
Remerciements et diffusion Le bureau de FIT Europe souhaite remercier les nombreux indépendants ayant pris le temps de répondre à cette première enquête COVID et les invite à participer aux enquêtes suivantes, et de les diffuser dans leurs cercles respectifs. Ces données sont essentielles et nous vous remercions de votre contribution à cet égard.